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Dans le feu de l'action : Récit de mon évacuation de Jasper

Feux Parc national Jasper
Feux et évacuation dans le Parc national de Jasper

Par Charles Marceau Cotton

 

Ces dernières années, nous avons été témoins à travers les nouvelles de l’augmentation des feux de forêts dans l’Ouest canadien en période estivale. Nous venons d’en voir un exemple marquant, alors que la région du Parc national de Jasper en Alberta a reçu un ordre d’évacuation et que près de la moitié de la ville est partie en cendres. J’y séjournais, alors je me permets aujourd’hui de vous faire un récit de ce triste moment.

 

Je suis arrivé à Jasper le 21 juillet. Il y régnait alors une canicule depuis plusieurs jours. Située à l’extrémité est des Rocheuses, cette région reçoit peu de la pluie qui part de la Côte pacifique et qui se déverse peu à peu dans la partie Ouest des Rocheuses. Les températures avoisinaient les 40 degrés celcius, ce qui est exceptionnel à cette altitude (+ de 1 000 mètres). Il y avait eu très peu de pluie dans les jours précédents. Le décor était aride : on se serait cru dans un milieu un peu désertique.

 

On annonçait un peu de pluie pour cet après-midi du 22 juillet. Vers 19h, ce n’est malheureusement pas de la pluie, mais du tonnerre et des éclairs qui se sont abattus autour de la ville de Jasper. Deux éclairs, un à l’Est de la petite ville, et l’autre au Sud, ont servi de bougie d’allumage aux feux qui allaient ensuite tout ravager. En moins d’une heure, nous entendions les sirènes rugir autour de nous, puis les hélicoptères se promener dans le ciel. Nous avons commencé à voir et à sentir de la fumée à l’horizon. Je faisais alors du camping près de Jasper. Il y régnait encore une ambiance zen de vacances.

 

Vers 21h, j’ai pris mon appareil photo et je me suis dirigé vers l’Est de la ville, dans l’espoir de photographier le coucher du soleil. Plus j’avançais, plus la fumée devenait intense, l’air lourd et des cendres tombaient du ciel. J’ai passé une quinzaine de minutes sur une colline, en compagnie d’un mouflon d’Amérique, à observer et photographier la scène de ce coucher du soleil dans une atmosphère quelque peu apocalyptique. Sentant ce qui s’en venait, j’ai rangé mon matériel, souhaité bon courage à ce bel animal et me suis dirigé vers le centre-ville de Jasper pour prendre le pouls de la situation.

 

En arrivant à l’intersection des deux autoroutes de la ville, les gyrophares des véhicules de sécurité scintillaient de partout : les deux directions les plus prisées, soit vers le Sud (Banff) et vers l’Est (Edmonton) étaient maintenant condamnées, ne laissant que la route vers l’Ouest (Nord-Est de la Colombie-Britannique) à la file d’automobilistes qui commençaient à fuir. Je me suis dépêché de retourner à mon camping, j’ai tout remballé, averti le plus de voisins possibles, puis je me suis joint à ce serpentin de gens qui venaient tout juste de recevoir l’ordre du gouvernement de l’Alberta d’évacuer la région en vitesse.

 

Au final, tout a bien fini pour les milliers de touristes ou de résidents qui ont dû fuir ce magnifique lieu. Une seule personne, un pompier, y a perdu la vie. Mais ce sont des milliers d’hectares – avec toute la richesse de faune et de flore – ainsi que près de la moitié de la ville de Jasper qui sont maintenant réduits en cendres, et qui prendront des années à retrouver leur richesse d’antan…


Incendie et paysage brûlé à Jasper
Photo (prise sur le web) d'un des lieux du Parc national de Jasper avant et après le passage du feu
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